Parcours d’une demandeuse d’asile
Le passeur qui m’avait conduite de Guinée en France, m’a abandonnée à l’ aéroport d’Orly. J’ai passé toute une journée dans le froid jusqu’à ce qu’une femme congolaise ait pitié de moi et m’héberge pendant une semaine. Elle m’a conseillé de m’adresser à des associations qui pourraient m’aider dans mes démarches et me trouver un endroit pour dormir. J’ai passé une nuit à la gare de Lyon et toute une journée dans la rue. Le lendemain j’ai croisé une femme malienne qui m’a donné l’adresse des Champs de Booz.
Le 5 janvier 2017, j’ai été accueillie par Marie-Claire qui m’a offert un café. Après, j’ai eu un entretien avec Francine et Sylvaine je leur ai expliqué mon histoire, comment et pourquoi je suis venue en France. Elles m’ont remis une lettre de recommandation pour les Missionnaires de la Charité à Oberkampf pour qu’elles m’hébergent en attendant que Les Champs de Booz me trouvent un endroit. J’y suis restée deux mois et en même temps, j’ai commencé mes démarches pour la demande d’asile. Puis Les Champs de Booz m’ont trouvé un hébergement chez des sœurs appelées les Filles de la Sagesse. Les sœurs m’ont bien accueillie le jour de mon arrivée. Elles sont très généreuses avec moi. Le jour de mon anniversaire, elles m’ont fait une surprise. Chacune d’entre elles m’a apporté un cadeau. A chaque fête, elles m’invitent à dîner, nous partageons tous ces moments dans la joie. C’est comme si j’étais avec une famille que je n’ai jamais eue. Je vous remercie tous.
Journée Booz 2017 à Versailles
A l’occasion de la journée internationale du patrimoine européen, L Champs de Booz ont organisé une sortie au château de Versailles, site historique de France. Elle a invité les femmes demandeuses d’asile ainsi que quelques bénévoles des Champs de Booz et de La Croisée des chemins à vivre cette journée découverte.
Durant le voyage, un exposé a été fait par Jean-Marie de La Croisée des chemins pour nous expliquer en bref l’histoire de la France.
Nous avons visité le château que moi personnellement je connaissais, l’ayant appris dans mon cours d’histoire à l’école primaire.
J’étais très émue de voir les différentes pièces du château où il y avait de magnifiques tableaux peints par de grands artistes qui ont su mettre en valeur la vie de l’époque.
Émue aussi, je l’ai été par la visite du grand jardin du roi Louis XIV avec toutes ses merveilles. Ce fut un moment extraordinaire de découvrir les jardins, leur verdure, les fleurs, les bosquets bien taillés, de respirer l’air pur et d’assister au spectacle grandiose des eaux musicales. Le jardin était si vaste que nous n’avons pas pu en faire le tour, l’heure de la fermeture ayant sonné.
Nous avons repris le car et nous nous sommes dirigés vers l’Institut de l’Alma, maison des Ancelles du Sacré Cœur, rue du Bosquet. Nous avons reçu un accueil chaleureux. Ensuite un bon dîner nous a été servi dans une ambiance festive, rythmée par des chants tibétains.
Nous disons grand merci aux Champs de Booz pour leur initiative d’avoir pensé aux femmes seules, demandeuses d’asile. Pour différentes raisons elles se retrouvent isolées ici, ayant tout laissé derrière elles : famille, enfants, travail, étude. Sans logis et sans ressources, on retrouve l’espoir auprès de vous. Avoir un logement est un point de départ pour tout car quand on est dans la rue, on n’a pas les idées en place. Impossible de réfléchir sur ce que l’on peut faire, mais une fois logée, on pense à faire quelque chose pour l’avenir.
Nous remercions aussi La Croisée des chemins et les Ancelles du Sacré Cœur pour leur apport et collaboration avec Les Champs de Booz afin de nous apporter un soutien fondamental. Cela nous rassure et nous motive à aller de l’avant.
Encore une fois, merci de tout cœur !
Témoignage de 2 participantes
N. nous offre ces lys disant qu’elle a obtenu son statut de réfugiée
“C’est mon propre témoignage que je désire partager avec les autres femmes qui passent peut-être par un moment de misère ou de désespoir, qui sont fatiguées de la vie. Je veux juste vous dire que tant qu’il y a la vie, il y a encore l’espoir.
Je suis passée par des moments terribles dans ma vie, loin de ma famille, loin de ceux que j’aime. Je n’arrivais même pas à manger, pas de sommeil la nuit. Je me croyais morte. Je ne voyais que la mort devant moi.
Ce que je peux vous dire c’est de prendre courage et d’aller de l’avant, Dieu peut vous restaurer encore la joie de vivre. Aujourd’hui, je retrouve encore le sourire et je sais que vous aussi un jour, vous qui passez des moments terribles, qui souffrez, qui pleurez, qui peut-être voulez mettre fin à votre vie, qui n’avez plus d’espoir, prenez courage et espérez encore.
Moi votre amie, j’ai passé des moments difficiles mais en moi je n’avais pas perdu l’espoir. J’espérais toujours qu’un jour, je verrai ma fille, mon mari et j’ai gardé la foi. Ma première demande d’asile a été rejetée mais quelque chose en moi me disait que je pouvais encore espérer et j’étais là, à tout moment me disant que j’allais y arriver. Et Dieu merci, il m’a conduite dans cette association les Champs de Booz. Vraiment, j’ai encore retrouvé le courage. Les conseils des Champs de Booz m’ont aidée, les sorties, voir de belles choses, voir des gens qui s’unissent. Là j’ai encore retrouvé le sourire et aujourd’hui, j’ai mes papiers.
Dans mon propre pays, j’ai failli mourir mais – Gloire à Dieu – la France m’a accueillie. Aujourd’hui, je suis régularisée. Je peux faire venir ma fille et mon mari et recommencer encore la vie, dans la joie !
Des échos de la fête par une participante
Samedi 28 janvier 2017 à 13h30, les Champs de Booz ont organisé une fête où il y avait les bénévoles, les sœurs qui nous accueillent dans leur maison rue du Retrait et nous les femmes soutenues par l’association. Nous avons partagé le goûter de la nouvelle année.
Afin de pouvoir mieux se connaître dans l’échange et le partage, nous avons procédé à une présentation de toutes les personnes présentes. Nous représentions 13 nationalités !
Après le mot de bienvenue, nous, les 17 femmes, avons donné notre témoignage, comment nous avons connu les Champs de Booz. L’une de nous disait : « Je suis arrivée il y a un an. Après avoir passé deux nuits dans les gares, j’ai demandé à quelqu’un de me montrer une église. J’ai vu le prêtre et c’est lui qui m’a montré les Champs de Booz. J’ai commencé venir et aujourd’hui je suis heureuse. »
En signe de remerciement, nous les femmes, avons offert aux sœurs des cadeaux faits de nos mains : livrets, broderies, vase décoré, étui pour portable, etc.
Des chants en différentes langues, venant du Tibet, du Rwanda, du Cameroun nous ont bien réjouies.